14 octobre 2024

Isaïe

This content has been archived. It may no longer be relevant

Recommandation : lire chapitres 5/12 – 37/40 – 62/63 qui correspondent à trois parties de l’histoire du peuple de Dieu.

 

Enseignement sur le livre d’Isaïe

Père Alexis Leproux.  9 janvier 2014.

Dans nos vies, nous faisons le constat, parfois amer, que la défiance dans nos relations amicales, familiales, en entreprise, en politique introduit des conflits, des tensions, des zones mortifères. De là naît la question de savoir comment s’engager dans une relation, sur quels signes s’appuyer pour prendre une décision, pour faire un choix de vie. Cette question du signe est celle d’Achaz (Is 7) et d’Ezéchias (Is 38), et plus largement le livre d’Isaïe est un lieu paradigmatique d’un discernement des signes pour une organisation des relations politiques et sociales.

 1-    Brève introduction au livre

Esquissons rapidement les soixante-six chapitres du livre qui mettent en valeur cette question du signe. Les cinq premiers chapitres rappellent l’alliance que Dieu avait conclue avec son peuple, alliance rompue par le peuple. Cette infidélité de la relation désenchantée suscite d’une part de vifs reproches de Dieu, d’autre part la promesse de ne pas abandonner le peuple (Is 5). Son aveuglement l’empêchant de reconnaître ses torts, Dieu envoie un médiateur : Isaïe (Is 6). Alors une section importante (Is 6-35) permet au lecteur d’entrer dans la question des signes : malgré la mission prophétique, le roi Achaz refuse de s’appuyer sur sa relation à Dieu. Les refuges fallacieux sont nombreux : l’idolâtrie, la construction dans la peur de stratégies diplomatiques, politiques ou militaires pour répondre aux attaques. Les relations qui font exister Achaz ne sont pas sa relation à Dieu. Réfléchissant en nous-mêmes, nous voyons que lorsqu’une menace existentielle survient, nous pouvons faire comme Achaz. Face à l’adversité dans le travail, face à l’imminence d’une décision, face à une confrontation à la solitude (exemple : ce soir je ne sors pas et je ne l’ai pas choisi), nous avons des stratégies d’évitement mortifères. Une stratégie quotidienne classique est la relation compulsive à son téléphone portable. Cependant, le livre d’Isaïe n’est pas achevé : vient alors le livre de la foi, de la consolation. L’événement fondateur de cette section est la maladie mortelle du roi Ezéchias (Is 38) et le lecteur ignore s’il meurt. S’ensuit une révélation sur l’accès d’Ezéchias à la vie véritable. Cette vie véritable consiste à exister dans le présent à partir de la vie éternelle. Ainsi la Jérusalem décrite, n’est pas une idéalisation, mais la réalité de la Jérusalem céleste, lieu d’éternité. C’est la communion que Dieu construit qui est source de la communion des personnes, et alors s’éclaire la mystérieuse figure du serviteur souffrant (Is 42,1-7 ; 49,1-11 ; 50, 4-11 ; 52,13-53,12) qui donne la vie par sa mort. Il manifeste ainsi la présence de l’invisible.

 

2-    Quelques conséquences pour notre façon de faire alliance

Avec la question de la vérité, il est possible de faire un pas de plus pour relire nos vies quotidiennes. Nous expérimentons que la vérité n’est pas simple à dire. En quelque sorte, son énonciation manifeste l’état de notre relation à autrui. Est-il source de mort ou de vie ? Il y a souvent une peur d’être blessé mais aussi de blesser, conséquences du péché originel. Rester dans cette peur de l’autre comme menace ne fait pas droit à l’enseignement du Christ. Si la menace était réelle, rester fixé sur la mort consécutive est un manque de confiance dans la puissance de la résurrection. Par la foi, je sais qu’elle m’entraînera dans son irrésistible dynamisme, victorieux de la mort.  Inversement, nous pouvons voir l’autre comme objet de convoitise (dès Gn 3,16), oubliant qu’il est une personne. Cette chosification oublie combien le corps de l’autre manifeste l’invisible, qu’à travers son corps je peux voir quelque chose de la vérité divine de son être personnel.