24 juillet 2024

Cantiques des Cantiques

This content has been archived. It may no longer be relevant

« Viens ma toute belle, viens dans mon jardin ». Le livre du Cantique des Cantiques met en scène deux fiancés qui s’émerveillent de la beauté de leur corps, se contemplent, se cherchent, se répondent, s’unissent. Ardeur impatiente, ivresse d’un amour passionné, ce livre libère notre façon de penser le corps.

Temple du désir et des sens, le corps vient faire résonner notre soif d’amour et notre capacité à aimer, à nous donner à un autre que nous même. Habités par cette soif d’Absolu, nous cherchons « celui que notre coeur aime ». Un chemin de joie et d’espérance qui révèle aux hommes les qualités de l’amour divin.

 

Enseignement sur le Cantique des cantiques

Père Alexis Leproux, Paul et Coralie de Rochebouët. 10 avril 2014.

Le Cantique des cantiques est d’abord un chant érotique. Nos pères dans la foi se sont interrogés pour savoir s’il devait être dans le canon des Ecritures. En le retenant, c’est une perle précieuse qui vient orner le corpus scripturaire : son langage corporel et mystique est l’expression suprême de ce que l’homme et la femme sont appelés à vivre. Cela a été mis en valeur par Saint Bernard, par le Bienheureux Jean-Paul II dans ses catéchèses sur le corps (mai 1984 pour Ct), par Benoît XVI dans sa lettre encyclique Dieu est amour (2005). Cela nous incite à voir comment nous habitons notre corps, comment il est langage, comment son désir d’union est ouverture à la résurrection.

1-    Le corps comme présence aux mondes, interface entre intérieur et extérieur

Le corps est cette interface entre le monde extérieur, l’univers qui nous entoure et notre monde intérieur. Il est donc présence à ces deux mondes, il est langage personnel, sans être transparence. En effet, il nous livre aux autres, au monde qui nous entoure -quelquefois malgré nous- tout en nous protégeant car notre intériorité n’est pas directement accessible à l’autre. Cet aspect d’interface implique que le corps est, pour chaque homme, le centre du monde et de son histoire. Mon corps a été entouré de douceur ou de dureté, de plaisirs et de déceptions (familiale, amoureuse), d’échecs de communion, qui le marquent. C’est par lui qu’adviennent les sensations, la perception… la communication entre l’extérieur et l’intérieur, les bouleversements, le surgissement de la sympathie, de l’empathie…Cette richesse émotionnelle quotidienne, inscrite dans la singularité de notre histoire, nous amène à étudier comment le langage du corps se dit dans le temps et dans la construction d’un couple.

2-    Apprendre mon corps dans le temps, construire le couple

En faisant mémoire de son corps, l’homme prend conscience de sa recherche, de ses manques, de corrections, d’ajustements, d’un apprentissage pour habiter son corps et s’en réjouir. Les caractéristiques de cette école de vie, de cette éducation corporelle, constituent  un apprentissage à se connaître, se posséder, se donner librement pour entrer en communion. Cela permet d’éviter les deux pôles d’une inhibition excessive ou un libertinage maladif, pour entrer dans une intégration positive de ses pulsions, désirs, et habiter une promesse de don. La vie donnée, dans le mariage, est ouverture à l’autre. L’apprentissage continue quotidiennement lorsque chacun  prend conscience qu’il n’a pas aimé l’autre comme il le voulait, ce qui purifie les cœurs, les regards, le langage de l’amour. Dans son union imparfaite le couple s’ouvre à la vie. C’est dans sa communion de corps et d’esprit qu’il avance sur les chemins de la vie évangélique. Vivant déjà d’arrhes de la vie éternelle, croissent dans le mari et sa femme le désir d’une plus grande unification, donc de la fin des temps. Chacun grandit, à travers le plaisir et la souffrance, dans l’expérience de donation et réception, appelant la résurrection de la chair (1Co 15).

3-    Sept caractéristiques du corps selon le bienheureux Jean-Paul II

Le bienheureux Jean-Paul II propose sept caractéristiques du corps, qui permettent encore d’élargir nos perspectives :

–     Admiration, stupeur, fascination. Il s’agit de rendre grâce pour la merveille que je suis, qu’est l’autre, à la suite du psalmiste.

–     Réciprocité. La vie comme échange de dons.

–     Attraction. C’est important pour désirer l’autre ou être désiré. Cela ne signifie pas immédiateté. La chasteté, l’attente permettent de purifier le désir. L’attraction peut être une vraie difficulté quand il n’y a plus d’inventivité dans le couple, quand elle est basée sur un jeu séducteur qui néglige la place de l’âme.

–     L’expérience du beau. Il s’agit, particulièrement pour les hommes, de voir le corps comme beau en soi et de ne pas tomber dans un culte d’une jeunesse éternelle guidée par des canons de beauté. Le corps témoigne d’une histoire, d’une présence au sein du couple.

–     Inviolabilité. Le corps révèle une réalité transcendante à tout homme. Son caractère sacré empêche tout commerce.

–     Dépassement de soi. En étant mesuré par son ego, il est impossible d’aimer, il faut laisser la place à un autre.

Impossibilité de posséder l’autre. Le mariage est don et réception et non possession entre époux.