16 avril 2024

La cité des saints

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Vivre sur la terre comme au ciel :

 

Comprendre ce qu’est la Cité des Saints nécessite préalablement de convertir notre manière de  penser.

–          Contrairement à ce que nous imaginons, le ciel n’est pas un lieu géolocalisable vers lequel l’homme irait après sa mort mais une relation à Dieu qui se vit dès notre séjour terrestre.

–          Vivre le ciel dès ici-bas signifie par conséquent que le ciel est la mesure de la vie terrestre et non l’inverse. De même que le mystère de l’homme s’éclaire dans celui du Christ ou que la liturgie terrestre se comprend grâce à la contemplation de la liturgie céleste, la vie terrestre reçoit son sens de la vie céleste.

–          Si le ciel consiste en une relation personnelle à Dieu, la Cité des Saints renvoie également à une relation communautaire dont la ville est précisément le lieu privilégié. Le livre de l’Apocalypse dévoile justement que le salut sera offert dans la Jérusalem Céleste, ville où tout ensemble ne fait qu’un. Par les relations interpersonnelles qu’elle implique, la ville unifie les hommes à partir de plusieurs critères communs liés à un lieu, une activité, une histoire, un projet… Seulement, sans relation au Christ, cette unité uniquement bâtie à partir de volontés humaines ne peut pleinement aboutir à son accomplissement.

–          Cette relation à Dieu n’est pas réalisable en dehors du corps. Constitué d’une âme et d’un corps, l’homme tout entier est appelé à vivre le ciel sur terre. Cette expérience du ciel trouve un modèle dans la vie divine marquée par l’Amour et le don total de la personne. S’il est en permanence donné à l’homme d’être au ciel par son corps, la vie chaste, comme don radical de soi, apparaît comme l’une des expériences concrètes de vivre cette relation à Dieu et d’accéder à un avant goût de la joie de la résurrection.

 « L’homme est dans le ciel quand et dans la mesure où il est auprès du Christ par qui il trouve le lieu de son être, en tant qu’homme, dans l’être de Dieu » J. Ratzinger

         Être avec le Christ signifie recevoir son être de Dieu et être pleinement uni au Christ. Benoît XVI, lors de sa première homélie affirmait déjà que « le Christ n’enlève rien mais donne tout ». Autrement dit, plus l’homme vit avec le Christ, plus il devient lui-même et participe déjà au ciel. Cette divinisation est également à l’œuvre chez une personne qui ne connaîtrait pas le Christ, mais qui vivrait en vérité sa vie.

 La résurrection des corps.

 

         Incapable de dire l’exhaustivité de l’expérience corporelle, la matérialité et la fonctionnalité du corps ne doivent pas en restreindre le sens. Au-delà de ces deux aspects, le corps est également une réalité spirituelle qui dépasse ce que la pensée peut atteindre. Loin d’être uniquement une chose concrète, sensible et individualisante, le corps est aussi un langage de communion : il est expression et relation à autrui contrairement au corps animal.

         Si à la mort, l’âme est séparée du corps et accède au ciel selon son jugement particulier, cette relation de la personne à Dieu n’est pas encore totale tant que la résurrection des corps n’a pas eu lieu. En effet, puisque l’homme n’est pas concevable en dehors de l’union corps/âme, la relation de l’âme à Dieu inaugurée après la mort ne saurait être parfaitement accomplie si le corps est exclu. Autrement dit, il faut attendre que le corps ressuscite par la puissance de Dieu pour que la personne soit totalement en communion avec Lui. L’Ascension du Christ et l’Assomption de la Vierge Marie le préfigurent : ce n’est qu’avec son âme unie à son corps que l’homme peut être pleinement lui-même au ciel.

        Le « comment » de la résurrection des corps dépasse notre imagination et notre entendement ; il n’est accessible que par la foi. Par sa propre résurrection, Jésus nous montre déjà qu’il n’est pas revenu dans l’existence empirique, soumise à la loi de la mort, mais qu’il vit d’une manière nouvelle dans la communion à Dieu, soustrait pour toujours au pouvoir de la mort. La résurrection de la chair n’est donc pas le retour à la vie biologique et terrestre ordinaire. A la suite du Christ, tous les hommes appelés à la résurrection, ressusciteront en Lui, avec leur propre corps qu’ils ont maintenant, mais ce corps sera transfiguré en corps de gloire, en corps « spirituel » (1 Co 15,44).

La question du mal et du péché de Satan.

         L’homme n’a pas été créé pour comprendre la relation entre Dieu et Satan mais pour contempler le Bien véritable et l’Amour. Ni la nature humaine ni le salut proposé ne permettent d’expliquer l’origine du mal et d’en donner le sens. Inaccessible à la raison humaine car irrationnelle, la question du mal ne peut se résoudre autrement qu’en étant soi-même en enfer. Or c’est précisément là une tactique de Satan : suscitant en nous un désir désordonné de trouver une explication à l’origine du mal, il nous fait entrer dans un labyrinthe sans sortie…

Textes rattachés à la séance

 

« 11 J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards – ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers ! – 12 et criant à pleine voix : “Digne est l’Agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange.” 13 Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l’univers entier, je l’entendis s’écrier : “A Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles !” » (Apocalypse 5, 11‑13).

« Ouvriers de la première ou de la onzième heure, tous ne devaient-ils pas également attendre la fin du jour pour recevoir leur salaire et pénétrer dans la demeure enfin construite ? Tant que la Rédemption est encore en marche, tant que le Corps n’a pas atteint la plénitude de sa taille, comment un seul membre connaitrait-il son plein développement ? » (Henri de Lubac, Catholicisme, Paris, Cerf, 1938, p.92).

« Le ciel se définit d’abord d’un point de vue christologique. Ce n’est pas un lieu sans histoire, ‘dans lequel on va’. Qu’il y ait un ‘ciel’, cela est dû au fait que Jésus Christ, en tant que Dieu, est homme et qu’il a donné à l’être humain une place dans l’être de Dieu. L’homme est dans le ciel, quand et dans la mesure où il est auprès du Christ par qui il trouve le lieu de son être, en tant qu’homme, dans l’être de Dieu. Le ciel est donc d’abord une réalité personnelle qui reste à jamais marquée par son origine historique dans le mystère pascal de la mort et de la résurrection. A partir de ce centre christologique, on peut déduire toutes les autres composantes du ‘ciel’ nommées par la tradition (…) Si le ciel a pour base le fait d’être dans le Christ, il implique aussi le fait d’être associé à tous ceux qui ensemble constituent l’unique corps du Christ. Le ciel ignore l’isolement ; il est la communauté ouverte des saints, et donc aussi l’accomplissement de toute communication entre humains » (Joseph Ratzinger, La mort et l’au-delà, Paris, Fayard, 2006, p.242-243).

Pour aller plus loin

« Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux. » (Evangile selon saint Matthieu 18, 10).

« Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif.
Vivre au ciel c’est « être avec le Christ ». Les élus vivent « en Lui », mais ils y gardent, mieux, ils y trouvent leur vraie identité, leur propre nom » (Catéchisme de l’Eglise catholique, 1992, n°1024-1025).